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Makhila, Ainciart Bergara

Dernière mise à jour : 4 mars

Un bâton d’exception entre artisanat, histoire et symbolique


1. L’Artisanat du makhila : un savoir-faire ancestral


Le makhila est bien plus qu’un simple bâton de marche : c’est un objet d’exception, façonné avec patience et expertise. Chez les Bergara, à Larressore, chaque makhila est fabriqué selon un processus qui peut prendre prêt d'une décennie avant d’être achevé.





Le secret du bois de néflier

La particularité du makhila réside dans le choix du néflier, un bois flexible et résistant. Les artisans ne sélectionnent que des arbres qui poussent lentement, souvent isolés, pour obtenir des fibres denses et solides. Une fois coupés, les jeunes troncs sont incisés en spirale pour laisser la sève s’écouler, créant ainsi les motifs naturels du bois. Après cette étape, les morceaux sont séchés durant de longues années avant d’être travaillés !




Les finitions minutieuses

Le pommeau peut être en laiton, en argent, voire en or pour certaines pièces d’exception. Le fût du makhila est souvent gravé de phrases en basque ou du nom du propriétaire. Chaque makhila est fait sur mesure, ajusté au poids, à la taille et à la main de son propriétaire et équilibré en son milieu pour favoriser la marche.




Une transmission familiale

L’atelier Bergara est l’un des rares à perpétuer cet art avec des outils et des techniques qui n’ont quasiment pas changé depuis le XIXe siècle.

Lorsqu’un client passe commande d’un makhila, il doit parfois patienter plusieurs mois, voire années, car chaque pièce est unique. Certains chefs d’État se sont vu remettre un makhila dont la fabrication avait débuté bien avant leur mandat !


2. Un objet aux usages historiques multiples

Le makhila a toujours été bien plus qu’un simple bâton de marche.


Le compagnon des bergers et des randonneurs

Dans les vallées basques, le makhila était l’outil indispensable du berger, utilisé pour guider les troupeaux et se déplacer en montagne. Sa pointe en métal pouvait servir à tester la solidité du sol ou à s’appuyer sur les chemins escarpés.




Un instrument de défense

Autrefois, les Basques n’avaient pas toujours le droit de porter une épée, mais le makhila leur permettait d’être armés discrètement. Le pommeau pouvait cacher une lame ou une pointe acérée, transformant le bâton en arme en cas d’attaque.

On raconte que certains contrebandiers basques utilisaient le makhila pour se défendre lors de leurs traversées clandestines des Pyrénées.


Un symbole d’autorité et de respect

Au Pays Basque, le makhila était souvent remis aux notables et aux anciens du village en signe de reconnaissance. Il était également utilisé pour arbitrer des conflits : un ancien pouvait frapper trois fois le sol avec son makhila pour imposer le silence et trancher une décision.



3. Un symbole d’honneur et de transmission

Le makhila est aujourd’hui offert comme un cadeau de prestige.


Des personnalités honorées

Parmi les illustres figures ayant reçu un makhila :

  • Charles de Gaulle, en hommage à son rôle dans la Libération.

  • Winston Churchill, qui aurait conservé son makhila comme un souvenir de son passage en France.

  • François Mitterrand, qui aurait lui-même commandé plusieurs makhilas pour les offrir à des chefs d’État.

  • Le Pape Jean-Paul II, qui aurait apprécié la finesse du travail artisanal.

Lors de son passage en France, Ronald Reagan a reçu un makhila Bergara, gravé à son nom, accompagné d’une lettre expliquant son importance culturelle.



Un héritage familial

Dans certaines familles basques, un makhila se transmet de génération en génération. Il est considéré comme un héritage chargé de sens, parfois donné au fils aîné lors d’un passage symbolique à l’âge adulte.

Il existe encore des makhilas datant du XVIIIe siècle, précieusement conservés dans certaines maisons basques, prouvant la robustesse et l’importance de cet objet à travers le temps.



Le makhila n’est pas qu’un simple accessoire : il est un témoin du temps, de la culture et du savoir-faire basque. Entre artisanat minutieux, usage quotidien et tradition symbolique, il continue de fasciner et de traverser les générations.

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